Podcast du droit - Partie 2

EPISODE 1 – LA LICENCE DE DROIT
#Partie 2– Choix de la filière Droit

Aurore
Aujourd'hui, nous avons décidé de parler de la filière droit qui est notre filière emblématique. Donc voilà, j'ai envie de vous poser la question à vous trois puisque vous aussi, monsieur Némoz-Rajot, vous avez choisi le droit.
Pourquoi ce choix de faire du droit après le lycée ?

Quentin
A moi de m'expliquer en premier. C'est vrai que je suis le plus ancien à avoir fait ce choix. Je m'en souviens très bien, c'est une matière, un domaine qui m'a attiré depuis pas tout jeune non plus, il ne faut pas exagérer, mais depuis longtemps. Mon papa a fait du droit de son côté aussi, jadis. J’ai voulu toujours faire l'opposé de lui : il a fait du droit public, je pense que j'ai fait tout ce qui était à l'opposé du droit public. Mais bon, peut être que j'avais aussi cette petite tendance familiale. Quand bien même il a mis des années, quand j'étais en troisième année de doctorat, avant de me dire qu'il ne pensait pas que je réussirai en droit.

Donc, ce n'est pas à cause de mon père que j'ai décidé de faire des études de droit. Mais c'est vrai que ce côté un petit oratoire m'attirait, le côté technique également. Quand bien même évidemment, quand j'étais collégien ou lycéen, je n'avais aucune véritable connaissance technique du milieu juridique. Et puis, j'ai trouvé que ça pouvait être aussi un bon ascenseur vers éventuellement d'autres professions ou des domaines qui peuvent paraître très fermés.

Personnellement, pour moi, à l'époque, c'était le monde du sport professionnel où je revoyais qu’à travers le métier d'avocat notamment, ça pouvait être une bonne porte d'entrée dans ce milieu. Lorsque finalement, nos capacités physiques ne permettaient pas d'être du bon côté de l'écran ou des appareils photo. Donc ça a un petit peu commencé comme cela, j'ai hésité entre une école de commerce et la faculté de droit. Et ça s'est fait vraiment tout juste après le bac où j'ai fait le choix d'entrer à la faculté de droit. Un peu à la surprise de mes parents, quand bien même j'avais pu en discuter auparavant avec eux. Et ce qui m'a aussi poussé à réussir, avec du recul je peux le reconnaître maintenant, c’est une certaine pression, parce que c'était mon choix et par conséquent, je voulais montrer que je ne m'étais pas trompé.

Donc voilà, je suis rentré en faculté de droit dans l'optique de faire du droit des affaires. Plutôt droit des affaires, droit du sport. Et également surtout pour devenir avocat. On voit bien que je suis bien en droit des affaires, ça c'est sûr. En droit du sport, moins. Et en revanche avocat, absolument pas, mais je crois que je ne le regrette pas.

Léa
Je pense que je vais rebondir là-dessus parce que c'est assez marrant. Votre parcours, je me retrouve pas mal dedans.

Moi, j'ai commencé à faire du droit un peu par hasard. Ma tante était avocate, mais elle ne m'a jamais poussé à faire ce métier mais mon père lui a quand même un peu poussé ! C'est vrai que j'étais plutôt bonne en tout et mauvaise en rien au lycée, mais je n'avais pas forcément de prédispositions pour faire du droit. Donc j'étais allée voir un conseiller d'orientation qui m'a dit de faire une école de commerce. Et vu que je ne l’aimais pas, j'ai décidé de faire l'inverse.

Voilà comment je me suis retrouvée en droit. Bon, après, j'ai eu un parcours un peu compliqué, un peu atypique. J'ai donc fait ma licence de droit à Bourg, un master 1 en Droit Social à Lyon, puis un master 2 en Droit du sport à l'Université de Bourgogne à Dijon. Ensuite, j'ai passé l'examen d'entrée à l'Ecole des Avocats, j'ai eu les écrits du premier coup, mais pas l'oral. Et c'est à ce moment-là que j'ai fait un master en Entrepreneuriat en école de commerce à l’emlyon. J'ai à ce moment-là aussi commencé à lancer mon média et ma société et j'ai repassé l'examen d'entrée à l'Ecole des Avocats parce que je me suis dit que je n'avais pas fait tout ça pour rien et que ça me tenais à coeur d'avoir ce diplôme ! Donc j'ai été diplômée, j'ai fait l'école il y a 5, 6 mois maintenant, mais je n'exerce pas en tant qu'avocate aujourd'hui. Je me suis lancée à plein temps dans ma société de communication pour laquelle je me passionne complètement. Mais le droit m'a apporté énormément de choses. Et quand on me demande pourquoi j'ai fait du droit, à quoi ça me sert et pourquoi j'en suis là ? Je ne sais pas exactement. Je pense que c'est la vie et les opportunités de la vie, voilà. Mais le droit m'a apporté énormément en termes de travail, de rigueur, d'organisation. Alors oui, je ne me rappelle pas exactement de tous mes cours de droit administratif ou de droit des sociétés, etc, mais par contre, j'en retire énormément de choses.

Je suis très très heureuse aujourd'hui d'avoir été diplômée en tant qu'avocate parce que c'était important pour moi et que le jour où j'aurais envie d'exercer, si un jour j'ai envie d'exercer, je pourrais le faire. Le droit pour moi c’est vraiment une filière qui mène à beaucoup de choses. On peut vraiment faire beaucoup de choses après avoir fait une fac de droit.
On se ferme aussi des portes, c'est sûr qu’on ne va pas faire médecine après avoir fait du droit. Mais quoi qu'il en soit, ça apporte beaucoup beaucoup de qualités pour un étudiant et un futur travailleur. Donc je ne regrette pas du tout ce choix d'avoir fait une licence de droit à la base.

Mathilde
Pour ma part, alors pourquoi le droit ? Je n'ai pas vraiment de réponse qui me viens directement. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu faire du droit. J'ai voulu être maîtresse d'école, comme toutes les petites filles en maternelle et en primaire. Mais sinon, depuis mon entrée au collège, je voulais faire du droit. Donc à l'époque, pourquoi, on ne sait pas trop, parce qu'on ne connaît pas vraiment le droit, donc on n'a pas de raison particulière. J'ai toujours été attiré par cette filière-là, très curieuse aussi au niveau culture générale, c'est quelque chose qui m'a toujours attirée aussi. L'enseignement civique, j'étais passionné par ça…

Donc je suis partie en droit parce que je ne m’imaginais pas faire autre chose. Vraiment, c'était la seule idée depuis maintenant quasiment 10 ans, et je ne regrette pas du tout ma licence. Elle est comme je l'espérais. J'adore ce que je fais, j'adore les matières enseignées quelles qu'elles soient. Et je projette de m'inscrire en master Justice procès et procédures, si la chance me sourit par rapport à ça, parce que les sélections en master sont devenues de plus en plus difficiles. Et dans le but de passer l'Ecole nationale de la Magistrature d’ici quelques années.

Quentin
Je voudrais ajouter que le droit, il y a énormément de matières, énormément de domaines de spécialité. On parlera tout à l'heure des débouchés. Mais d'ores et déjà, pour les lycéens notamment, qui nous écouteraient, le droit, vous n'en avez jamais véritablement fait. De près ou de loin selon certaines filières, un peu, mais ce n’est en tout cas pas le droit tel qu'il vous sera enseigné à la faculté de droit. Donc, rassurez-vous, c'est le grand flou pour tout étudiant en droit qui va rentrer en première année. Et de la même façon, ces matières que vous allez aborder en première année seront totalement différentes aussi de celles que vous allez aborder par la suite. Et plus les années passent, plus vous vous spécialisez dans certains domaines.

Alors effectivement, comme ça vous l'a été dit, ça ferme quelques portes, ça en ouvre d'autres. Pour le coup, on devient spécialiste, certes, mais on apprend aussi beaucoup d'autres domaines. Ne serait-ce que sur l'expression orale et surtout écrite.
Je vais insister sur le fait qu'il n'y a pas de bac plus approprié qu'un autre pour intégrer la faculté de droit. D’ailleurs, je peux demander autour de cette table quel est le bac que vous aviez eu à l'époque ? Moi personnellement, c'était un bac scientifique.

Mathilde
Moi, c'était un bac économique et social.

Léa
Et moi un bac scientifique aussi.

Quentin
Mais évidemment, les autres baccalauréats, notamment en bac L, peuvent aussi bien sûr permettre de très bien réussir ses études en droit. Ce qui compte, je crois avant tout, c'est d'arriver à digérer son arrivée à l'Université, de nouvelles méthodes d'enseignement. Et après évidemment, au-delà de cette digestion et de la force de travail, il y a aussi le côté passion, puisque je crois que le droit, il faut que ce soit une passion pour arriver à se mettre pleinement au travail, assimiler, lire. Pour moi, je crois que c'est ce terme de passion est important et il transpire aussi de nos propos à chacun aujourd'hui.

Aurore
Alors pour compléter par rapport à vos séries de bac, maintenant il n'existe plus de séries de bac, maintenant on est sur des options. Du coup, c'est vrai que les attendus qui ont été choisis d'être mis sur la licence de droit, il n’y en a pas. Quelle que soit l'option qui sera choisie, l'important c'est d'être capable d'avoir ce raisonnement conceptuel, d'avoir aussi ses capacités d'analyse de synthèse, etc.
Donc je pense que le choix du droit, ce sont souvent des étudiants qui ont quand même des formations scientifiques et contrairement à ce qu'on peut penser. Certains vont nous dire « oui, je ne vais pas choisir la biologie ou la physique, ou les maths parce que je veux faire du droit », il y a
beaucoup d'a priori sur ces questions. De même que sur les filières technologiques, en revanche, là, on a beaucoup d'étudiants qui ont fait du droit, et ce qu'il faut bien percevoir aussi, c'est que ce n'est pas la même approche du droit. Quand on fait une filière STMG on fait du droit, du droit du travail, mais ce n'est pas du tout la même approche que sur une licence de droit.
Donc c'est important de bien se renseigner pour ne pas avoir de mauvaises surprises quant au travail qui est demandé sur cette filière.
Et je pense que c'est important que l'on puisse en rediscuter aussi, mais le droit, c'est ça. Qu'est-ce que vous mettez aussi derrière en termes de capacité de travail ? Je pense que moi, quand je suis arrivée, ce qui m'a surpris, c'est de voir à quel point les étudiants de droit travaillaient énormément. Quand il y a la période de partiels, ils disparaissent, ils ne répondent plus à aucun de mes messages parce qu’ils sont en révision. Et moi qui n'ai pas fait du droit, vu de l'extérieur, ça paraît incroyablement surprenant.

Léa
Je suis totalement d'accord avec toi et je rebondis là-dessus par rapport au lycée. C'est vrai que moi, quand j'ai fait mon choix de venir faire du droit, alors que j'avais un bac S, j’ai quand même des profs qui m'ont dit « Mais pourquoi tu as fait S alors que tu veux faire du droit ? ». Mais en fait c'était complètement faux. Le bac scientifique m'a appris vraiment à cette rigueur, les maths… Et finalement, on ne fait plus du tout de maths en droit, mais il y a quand même quelques similitudes qu'on retrouve. Et c'est vrai que la rigueur du bac scientifique m'a beaucoup apporté !

C’est vrai qu’un bac ES ou L apporte beaucoup plus de compétences dans la rédaction. D’ailleurs en licence, on avait beaucoup d’élèves qui venaient de L et qui rédigeaient beaucoup mieux, qui avaient plus d'aisance dans la rédaction. Et il y avait aussi des filières technologiques. J'ai un ami qui est notaire aujourd'hui, qui était en STMG et qui avait quelques notions de droit avant d'arriver à la fac.

Moi, j'ai le souvenir d'avoir énormément travaillé. En révisions on travaillait énormément, on apprenait nos cours sur le bout des doigts. Alors, peut-être même des fois avec du recul, un peu bêtement parce que je me suis rendu compte, à posteriori, que j'apprenais mais que je ne comprenais pas forcément. Mais ça te donne une force de travail qui est vraiment impressionnante.

Quand je suis rentrée en école de commerce, j'ai vu la différence qui était incroyable ! Tout me paraissait vraiment simple. De manière générale, je n'avais pas l'impression de devoir réviser, apprendre énormément pour être au même niveau que les autres. Et je pense, ce n'était pas une question d'intelligence, loin de là. Mais c'était plutôt une question d'apprendre vite, d'apprendre mieux.

Mathilde
Oui, c'est sûr, le travail est très très important. Et je pense que plus les années passent et plus la quantité de travail est lourde. Des fois, je me dis que si j'avais autant travaillé en première année, j'aurais eu des notes justes excellentes, parce que plus ça va, plus on passe du temps sur les cours, plus les TD nous prennent du temps aussi. Et on se dit que vraiment, en fait, c'est un peu la cour de récréation la L1, comparée à la L2 puis à la L3, puis j'imagine au master et à toutes les années qui vont venir derrière.
Mais c'est sûr qu'on apprend à travailler. On apprend à travailler, je pense efficacement, parce qu'au départ, on va passer du temps sur un TD pour faire finalement pas grand-chose, et en acquérant la méthode, on va aller beaucoup plus vite, beaucoup plus loin. Et c'est cette rigueur là qu'on va acquérir en droit. Ce qui va nous permettre peut-être, si on fait une réorientation, de se rendre compte qu'on n'a pas fait tout ça pour rien et que ça nous a quand même appris une méthode de travail assez importante.

Après, c'est sûr qu’il n'y a pas de secret, il y a énormément de par coeur, sans dire d’apprendre bêtement, il ne faut pas s'imaginer qu'on apprend le code civil par coeur, ça c’est un « on dit » sur le droit qui est totalement faux. Quand on est en partiel, le code, on la, on apprend à s'en servir, on apprend les mécanismes. Après, c'est sûr que si on ne connaît rien du tout, on va passer plus de temps à feuilleter le code qu'à vraiment résoudre un cas pratique. Donc on va apprendre cette rigueur-là. On va apprendre les mécanismes, tout ce que dit le droit.
Et je pense qu'effectivement on a une charge de travail qui est importante tout au long de l'année, et notamment à l'approche des partiels, parce que les partiels vont se dérouler sur une ou deux semaines avec 8 à 10 matières à apprendre quasiment par coeur, pour ne serait-ce que des QCM et des questions un peu pièges ou des sujets d'application, des questions de cour… Et c'est sûr que pendant les périodes de partiels effectivement Aurore, tu ne vas pas forcément nous voir beaucoup sur le Campus.

Quentin
Je ne vais pas du tout me sentir visé par les questions pièges sur les QCM. Plus sérieusement. Déjà merci pour la mise à la page concernant la réforme du baccalauréat. Effectivement, je pense qu'on en avait tous besoin, à commencer par moi.

Techniquement sur les pré requis pour l'étudiant en droit, effectivement, la force de travail oui, c'est nécessaire, mais je crois que ça a été bien expliqué, ça vient aussi avec le temps tant les exigences des enseignants que de la typologie des exercices augmentent avec le temps. Et on a tous conscience que l'on ne peut pas attendre d'un étudiant de première année la même chose qu'un étudiant en master 2, et pour commencer, même en troisième année de droit et heureusement d'ailleurs.

En revanche, il faut parler de passion parce que pour moi, le droit ne s'arrête jamais véritablement. Même en vacances, je ne dis pas de lire nécessairement des ouvrages juridiques, mais en tout cas de suivre l'actualité pour comprendre le monde qui nous entoure et l'évolution des règles de droit. Ça me semble fondamental très clairement.

De même, ce qui me semble fondamental, c'est qu'au-delà de la lecture, il faut aussi avoir un minimum de qualités rédactionnelles. Ça, c'est une évidence, parce que les examens, ça a été dit plus ou moins, mais pour la plupart sont des écrits et il est vrai qu'au-delà des connaissances en tant que telles, il est très important de savoir bien s'exprimer puisqu’au fond, vous allez parfois aussi pouvoir maquiller une certaine absence de connaissances à travers une belle expression. Ça ne fait pas tout, c'est une évidence. Et avant toute chose, évidemment, il y a l'apprentissage et les connaissances.

Alors après le par coeur ça me gêne toujours. Personnellement, ça a été bien dit, personne ne connaît le Code Civil ou le Code de Commerce par coeur, moi le premier. Si vous me mettez à la torture, j'arriverai à vous réciter une vingtaine, une trentaine d'articles de tête, spontanément, mais ça s'arrêtera là. Et donc, évidemment, je ne vais pas l'attendre de mes étudiants.

Après, en revanche, connaître mon cours à la virgule près, je trouve ça presque gênant. Surtout, je trouve ça dommage parce qu'on sait très bien et je pense que vous pourrez le confirmer, en sortant du partiel vous maîtrisez déjà un tout petit peu moins le cours qu'en entrant dans la salle. Et si on vous interroge 2 mois après, alors là, ce qu'il en reste peut parfois devenir assez attristant, tant pour les étudiants que pour l'enseignant. Tout dépend des matières, du volume horaire, est-ce que c’est une matière avec travaux dirigés ou non… Mais il y a surtout des pré requis par matières que l'on espère transmettre du côté enseignant et que l'on attend finalement que les étudiants possèdent à l'issue du cours. Et là, le travail il est double, mais ce n'est pas le bagne non plus. Très clairement, ça demande une organisation, ça a été bien bien précisé, notamment si on s'y est pris en amont et qu'on n'a pas découvert une partie de ses cours, parce que découvrir tous ses cours une semaine à l'avance, effectivement, je pense que c'est suicidaire. Mais en tout cas, si on a commencé en amont, les choses, on peut aborder la période de partiels relativement sereinement. Je dis bien relativement car c'est impossible je crois d'aborder sereinement une période de partiels, du moins quand on est anxieux tel que je l'étais, tel que je le suis encore sur certains points. Mais il est aussi important, de mon point de vue, d'avoir encore pendant la période de partiels des liens avec ses camarades de promotion, mais aussi son entourage, et de s'aérer un minimum l'esprit, alors que ce soit aller prendre un café, boire un verre, aller faire une activité. Là encore, c'est aussi un attrait ici à Bourg-en-Bresse, puisque l'emploi du temps offre cette possibilité naturellement, ce qui n'est pas forcément le cas au sein de d'autres facultés.