Podcast du droit - Partie 1



#Partie 1 Podcast – Licence de Droit

Aurore
Bonjour à tous et bienvenue sur le premier podcast du Campus. Je suis en compagnie de Léa Torres, de Mathilde Zissler et de Quentin Némoz-Rajot qui sont venus partager leurs expériences du Campus et de la filière du droit.
Pour commencer, je vais leur demander à chacun de se présenter. Mathilde, est-ce que tu peux commencer ?

Mathilde
Bonjour à tous. Je m'appelle Mathilde Zissler. Je suis en troisième année de droit sur le Campus de Bourg-en-Bresse. Je suis également co-présidente de l'association Juristes Jeunes, présente sur le Campus depuis maintenant de nombreuses années.

Aurore
Merci Mathilde, donc Quentin Némoz-Rajot, vous avez accepté aussi de faire partie de ce petit échange je vous laisse vous présenter.

Quentin
Avec plaisir, merci d'ailleurs de m'avoir convié à cet échange, j'en suis ravi, d'autant que je suis attaché aussi personnellement, maintenant, depuis quelques années au Campus de Bourg-en-Bresse. Donc Quentin Némoz-Rajot, je suis maître de conférences en droit privé, plus spécialement en droit des affaires, depuis le 1er septembre 2016 et depuis septembre 2016 d'ailleurs, j'interviens sur le Campus de Bourg-en-Bresse.

Aurore
Merci Quentin et enfin Léa Torres, qui a étudié chez nous depuis déjà un certain nombre d'années et qui nous a fait le plaisir d'être parmi nous aujourd'hui.

Léa
Merci beaucoup Aurore, merci aussi de m'avoir invitée pour ce podcast et merci aussi de me faire confiance sur la production de ce podcast, puisque aujourd’hui je suis en charge d'une société de production de podcast, Flash Communication assez généralement. Mais je suis en effet une ancienne du Campus de Bourg. J'ai fait ma licence de droit ici à Bourg-en-Bresse, sur le Campus. Puis ensuite j'ai eu un parcours un peu particulier, un peu atypique, mais je pense qu'on y reviendra un peu plus tard.

Aurore
Alors bienvenue à tous. Donc l'idée, c'est vraiment d'évoquer ce Campus et de voir avec vous quelle est votre vision du Campus chacun et chacune à votre niveau.
On parle du Campus de proximité, d'effectifs réduits, de toutes les raisons qui vous pousse aujourd'hui à étudier ici. Je peux commencer par poser la question déjà à Mathilde, qu'est-ce qui a fait que tu as choisi le Campus de Bourg-en-Bresse ?

Mathilde
Alors moi je suis originaire de Mâcon, donc il y avait déjà cette proximité, même si j'ai un appartement étudiant sur Bourg pour éviter les allers retours, les trous dans la journée avec 2 ou 3h de pause entre les CM, éviter de se dire qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je reste là ? Est-ce que je pars ? Donc j'ai un appartement, mais c'est vrai que la proximité avec ma ville natale y a joué pour beaucoup.

Et c'est aussi surtout la qualité de l'enseignement, on est un effectif beaucoup plus réduit comparé aux grands amphis lyonnais, on a cet avantage d'être peu nombreux. On est environ 150 en première année, puis 80 en deuxième, pour finir à 60 en troisième année. Donc on a cet échange privilégié avec les enseignants. Je pense que Monsieur Némoz-Rajot pourra rebondir là-dessus. Et c'est vrai que c'est un climat d'enseignement qui est vraiment favorisé.

Léa
Pour ma part, quand j'ai choisi le Campus de Bourg, donc en 2012, c'était d'abord une question géographique. Moi, je venais d'une petite ville en Bourgogne, de Louhans. La plupart de mes camarades de lycée allaient d'abord plutôt à Dijon et moi, j'avais envie de me rapprocher plus du Rhône-Alpes pour des questions un peu personnelles puisque je montais à cheval à assez bon niveau. Et donc j'ai décidé de venir à Bourg pour vraiment des questions géographiques.

Et puis je me suis très vite rendu compte que les cours étaient d'une qualité absolument semblable à celle de Lyon et surtout que la proximité avec les enseignants, comme tu l’as dit, était bien meilleur. On était plus proche d'eux, mais aussi plus proche des autres élèves. On a pu créer une vraie vie sociale, une vie associative et là-dessus aussi, on y reviendra.
Et puis, ce qui me plaisait aussi, c'était d'arriver dans une fac où je n'allais pas être perdu. J'allais être un peu comme dans une salle de classe, alors en première année un peu plus grande, mais on était quand même assez proche les uns des autres. Ça me faisait un peu peur, je pense, à cette époque-là, à 18 ans, d’arriver tout de suite dans le grand bain de Lyon, avec des amphis énormes, etc.
Donc voilà pourquoi j'ai choisi le campus de Bourg et aujourd'hui je ne regrette pas du tout.

Quentin
De mon côté, je vais commencer d'abord personnellement à être totalement honnête. Je n'ai pas forcément choisi initialement d'intervenir sur le Campus de Bourg-en-Bresse. Quand j'ai été nommé maître de conférences, je tenais à tout prix à donner un cours de droit des sociétés en licence 3ème année, puisque c'est ma matière de prédilection. Et s'est donc présenté cette opportunité de venir sur Bourg-en-Bresse. Donc initialement c'était les mardis, depuis cette année maintenant, c'est le lundi.
Je ne cache pas que, au départ, faire les trajets, ça pouvait sembler un peu pénible, magner un petit peu toutes ces contraintes horaires... Et puis, les choses ont rapidement changé, je l'ai d'ailleurs signalé aux étudiants que j'ai eu la première année, en étant totalement honnête à la fin du premier semestre, je leur ai dit qu’au début, je n'étais pas très content de venir et finalement, maintenant, je ne regrette absolument pas.

D'un point de vue personnel, déjà, pour commencer, j'ai mon grand-père maternel qui a grandi de l'autre côté de la rue, en face de l'Université. Donc je boucle un petit peu la boucle et lui est ravi de savoir que j'interviens à Bourg.

De même, j'ai grandi en Isère, du côté de Grenoble. Les étudiants en ont suffisamment entendu parler, je crois, notamment d'un point de vue rugbystique, et c'est vrai que je retrouve aussi mes attaches un peu « terroir et ville », un petit peu plus de proximité, que le grand territoire lyonnais. Donc je me retrouve aussi de ce point de vue-là.
Après, pour le Campus de Bourg en tant que tel, j'apprécie pour commencer les infrastructures qui sont quand même de très grande qualité. De mon point de vue, tout est beau, tout est neuf, ça sent bon. Dès qu'il y a un problème, il est très rapidement réglé et ça, mine de rien c'est quand même un point fort. Ensuite, il est évident, comme ça a déjà été fait remarquer, qu'on a une certaine proximité avec les étudiants, là encore en étant totalement honnête quand j'ai commencé ma carrière, c'était très excitant pour moi d'intervenir devant un amphi de 400 ou 500 personnes, et au fond, maintenant, avec un peu plus de recul, je me rends compte que 400 ou 500 personnes, c'est impossible de captiver tout le monde. Et surtout, malheureusement, c'est impossible de se rendre compte si une personne est lâchée, n'a pas compris, a simplement besoin de poser une question ou juste que je répète une idée. Et là, au moins, à Bourg, les choses sont beaucoup plus simples pour un étudiant : de lever la main et poser une question au milieu du cours. Ça se fait beaucoup plus naturellement que dans un amphi de 400 ou 500 étudiants.

De même, je n'ai pas la prétention de connaître le nom de tous les étudiants, loin de là, mais il est vrai que, à force, en se croisant dans les couloirs et dans des salles, on repère très facilement qui est qui ? Qui fait quoi ? Et je crois que ça permet aussi pour l'enseignant d'avoir un côté un peu plus personnel lors de ses cours, de raconter des petites anecdotes un peu plus personnelles qui peuvent un peu jalonner un cours de droit qui, pour certains, n'est pas forcément toujours ultra passionnant.

Et surtout, je crois que l'on a tous nos personnalités entre enseignants, et ça permet aussi aux étudiants de se sentir peut-être un peu plus en confiance avec certains d'entre nous, selon les atomes crochus, évidemment. Et de venir s'adresser à nous, nous poser des questions sur leur orientation notamment. C'est vrai qu'à la fin des cours de 3ème année, on se pose cette grande question que faire après sa licence ? Donc, j'ai régulièrement l'habitude d'apporter tout simplement mon expérience sur ces points.

Et j'ajouterais aussi, et sans flatterie par rapport à l'invitation du jour, une proximité et une efficacité du personnel administratif au sens large. Sur le Campus de Bourg notamment, j'ai pu travailler avec Mme Arpin à l'époque, Mme Burtin maintenant. Et pour le coup, je sais bien me plaindre parfois des lenteurs administratives, universitaires et à l'inverse, je sais bien aussi souligner quand tout marche bien tant pour les enseignants que pour les étudiants. Et en tout cas, je trouve aussi qu'à Bourg, les choses fonctionnent très bien, voire super bien. On peut très facilement donner des ouvrages à faire acquérir pour les étudiants. Voilà des exemples parmi tant d'autres, mais qui pour moi font que c'est des conditions de travail qui sont très agréables et qui donnent envie de venir, tout simplement.

Léa
Je me permets de rebondir sur ce que vous êtes en train de dire. C'est vrai que moi quand je suis arrivée à Lyon, donc après ma licence de droit en Master 1, je n'ai pas du tout eu le sentiment d'avoir un niveau inférieur à ceux des élèves lyonnais. Bien au contraire. Et surtout, la différence que j'ai pu noter, c'est que là-bas, personne ne se connaissait ni entre eux, ni avec leurs enseignants. J’ai vraiment le souvenir de 85% de mes enseignants ici à Bourg-en-Bresse, d'avoir échangé longuement avec eux sur l'avenir, d'échanger encore avec certains aujourd'hui et vraiment d'avoir créé une vie sociale, d'avoir créé des amitiés ici que je n’aurais sans doute pas du tout créé à Lyon.

Et pour parler aussi des infrastructures, parce que je trouve que c'est intéressant de le faire remarquer, c'est vrai que les infrastructures ici à Bourg-en-Bresse sont vraiment incroyables, d'une qualité géniale, que ce soit les amphis, la bibliothèque, les extérieurs. C'est tout ça qui a vraiment contribué à rendre notre licence de droit, et je parle en mon nom et en ce de mes amis avec qui j'ai partagé ces années-là, vraiment agréable.

Quentin
Je me permets de rajouter, par rapport au niveau, pour moi c'est très important, parce que c'est vrai que des fois il peut y avoir des rumeurs ou des « on dit », mais je fais exactement le même cours à Lyon ou à Bourg-en-Bresse. Et d'ailleurs, je vais parfois un peu plus loin lors des cours à Bourg-en-Bresse que lors des cours de licence à Lyon, parce que finalement, je me rends beaucoup plus facilement compte si les étudiants suivent, me comprennent, ou à l'inverse si il faut que je revienne sur certains points. C’est ce que j'ai exprimé tout à l'heure déjà, sur un amphi de 400 personnes, c'est pour moi impossible à déceler. Donc ça c'est une évidence que les cours sont exactement les mêmes et qu'il n'y a pas de différence sur le contenu. Après je crois que la grande différence se fait sur le quotidien et la manière de le faire. Et pour les cours en master, je sais que des fois, j'ai des étudiants bressans qui me trouve quelque peu différent en cours de master par rapport aux cours de licence. Alors je ne pense pas que ce soit sur ma manière d'enseigner, mais c'est vrai qu'il y a peut-être plus de distance géographique avec, dans les salles où on est à Lyon, souvent sur une chaire beaucoup plus loin de l'auditoire qu'on peut l'être ici à Bourg. Et je crois que ça instaure aussi une certaine démarcation qui peut inhiber les étudiants, parce qu'au fond, et je pense que tous mes collègues seront d'accord avec moi, si on nous sollicite, que ce soit à Lyon ou Bourg-en-Bresse par mail, on fait notre maximum pour essayer de répondre aux attentes.

Aurore
Je pense que c'est important aussi de rappeler que la formation est proposée à Bourg, mais tout le monde ne viendra pas à Bourg. C’est important que chacun se rendent bien compte qu'on vient faire du droit à Bourg, parce qu’on a le sentiment d'avoir besoin d'un peu plus de proximité. Après moi, j'ai tendance quand même à dire à des étudiants, que si ils se sentent prêt à se lancer dès maintenant dans le grand bain lyonnais, il faut y aller.

C'est la même formation mais c'est vrai qu'à Bourg, il y a cette notion de proximité qui est forte. Mais il y a aussi ces étudiants qui ont envie d’un peu plus d'anonymat. Et finalement, c'est peut-être à Lyon qu’ils se retrouveront mieux.

Donc c'est vraiment un critère à prendre en compte, c'est de se dire : quand je vais à Bourg, je fais partie d'un groupe, d'une communauté qui est identifiée, je ne suis pas un numéro parmi tant d'autres.

Ce que je voulais rajouter aussi c’est que ça demande la même autonomie qu'à Lyon, il faut se dire je fais du droit à Bourg, oui, il y a plus de proximité, mais ça demandera tout de même cette notion d'autonomie.

Peut-être que toi, tu peux en parler aussi Mathilde, sur ces questions d'autonomie dans votre travail qui vous est demandé quand on arrive à l'université, tout ce changement des codes universitaires.

Mathilde
Oui, ça c'est sûr, ce n'est pas parce qu'on est à Bourg qu'on a un statut privilégié. Quoi qu'il arrive, les travaux dirigés, on les fait seuls. On doit être autonomes face à ça, on n'est plus au lycée, on va plus venir nous dire quoi faire, quand le faire, nous solliciter constamment. Donc, il y a une certaine autonomie à acquérir en licence. Et ça, je pense que c'est commun, qu'on soit Bourg, à Lyon ou dans n'importe quelle université.

Donc l'autonomie en droit est primordiale, ne serait-ce que pour les TD. Chaque semaine, être rigoureux, faire sa fiche de TD. Et même pour les CM, parce qu'on en a toutes les semaines : des CM à travailler à la maison, à apprendre. Et ce n'est pas à 3 jours du partiel qu'on va se réveiller et apprendre les 600 pages de cours d'un coup, ce n’est juste pas possible, ou alors ceux qui disent qu'ils le font, je ne les crois pas trop.

Il y a forcément un travail de rigueur à mettre en place sur le long terme pour garder les acquis. Parce qu'une licence, ça se fait en 3 ans, et il ne faut pas oublier ce qu'on a appris entièrement de la première année, à la deuxième, et troisième année. C'est un cursus qui se construit sur toutes les années, en effet on ne va pas revenir sur certaines notions vues en première, en deuxième ou en troisième année dont on aura besoin pour les masters, pour les concours. Donc, il faut avoir une autonomie et une rigueur assez importante pour être étudiant en droit.

Léa
C'est vrai Aurore, je pense que tu as raison de le rappeler, même si personnellement je prêche beaucoup pour Bourg-en-Bresse parce que j'ai vraiment passé des très bonnes années ici. Mais je pense que c'est aussi une question de personnalité. Il y a des gens qui sont plus prêts à 18 ans de partir à Lyon, vivre « la grande vie ». Mais moi, à cette époque-là, ce n'était pas mon cas. Et c'est aussi pour ça que souvent, je défends Bourg.

Mais après, ça reste la fac, on n’est plus au lycée. Si on ne prend pas nos cours en CM, personne ne les prend pour nous. À moins que t’ailles le chercher chez le copain, mais ce n’est quand même jamais fait de la même façon et de notre façon personnelle.

Donc moi j'ai quand même le souvenir d'avoir beaucoup, beaucoup travaillé, d'être allée à tous mes CM, la plupart en tout cas. D'avoir pris mes cours correctement, d’avoir fait mes TD. Tu n'as pas quelqu'un non plus derrière toi qui te pousse à faire ton travail tous les jours. Oui, il y a une plus grande proximité mais en effet, ça reste la fac et il faut avoir une certaine autonomie qu'on doit avoir dans n'importe quelle fac, que ce soit Lyon, Paris, Bourg ou autres.

Quentin
Je n’ai pas prévu personnellement d'aller chez des étudiants ou de leur écrire si j'apprends qu'ils n'ont pas rendu leur travail, ou que je les vois disparaître finalement de la salle de cours. Encore que cette dernière hypothèse si, si une personne ne vient plus du tout au bout de plusieurs semaines, là, justement, on peut tirer la sonnette d'alarme parce que finalement, on va avoir repéré cette absence un peu plus facilement qu'à Lyon.
Mais il est évident que ça reste une situation d'étudiant en faculté de droit qui suppose une autonomie de travail, une rigueur, toute une méthodologie juridique sur laquelle on reviendra tout à l'heure. Et c'est sûr que de toute manière, peu importe la faculté où l'on est inscrit, c'est un prérequis, et ces exigences se retrouveront de toute évidence.

Aurore
Du coup, vous êtes venus étudier à Bourg en termes d'économie par rapport à une grande ville comme Lyon, qu'est-ce que ça représente ?

Mathilde
C'est sûr que pour avoir un appartement étudiant, le loyer est quand même moins cher, la vie en général est moins cher sur le Campus de Bourg. Après, certains vont pouvoir se passer de logement étudiant, il me semble qu'environ 50% de la promotion vit encore chez ses parents, sont originaires de la région, vont faire les allers-retours. Ça leur reviendra bien moins cher que d'avoir un loyer, des charges, les courses toutes additionnés, ça a beau ne pas être Lyon, c'est quand même un budget chaque mois d'habiter sur Bourg-en-Bresse. Et certains n'ont pas forcément les moyens de faire cet effort-là.
Donc c'est l'avantage aussi d'avoir ce Campus de proximité. C'est de permettre à des personnes qui n'auraient pas forcément eu les moyens de se déplacer sur une grande ville, d'avoir une qualité d'enseignement, parce que ça joue aussi le fait de faire les allers retours tous les jours, d'être fatigué… Ça joue vraiment sur la qualité de travail. Donc ce Campus de proximité permet à certains de rester chez leurs parents ou d'avoir un appartement à moindre coût. Et ça c'est sûr que ça joue dans les critères de sélection pour Bourg-en-Bresse.